

Un Palestinien en soins psychiatriques après l'agression d'un rabbin près de Paris
Un Palestinien soupçonné d'avoir agressé un rabbin à coup de chaise, vendredi à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), a été placé en hospitalisation sous contrainte pour recevoir des soins psychiatriques après avoir initialement été mis en garde à vue, a-t-on appris auprès du parquet de Nanterre.
Cette agression a suscité l'indignation de la communauté juive et du gouvernement qui a pointé la "radicalisation" du débat public comme terreau de cet acte.
"L’homme initialement placé en garde à vue depuis 12H08 au commissariat de Neuilly-sur-Seine a fait l’objet dans l'après-midi d’un examen psychiatrique imposant son placement en hospitalisation sous contrainte", a précisé le parquet à l'AFP vendredi soir.
L'agresseur, qui s'en est pris au rabbin Elie Lemmel, installé à une terrasse de café, notamment en lui jetant une chaise au visage, avait été interpellé dans la foulée.
Le ministère public a précisé que "selon les documents d'identité en langue allemande trouvés en sa possession", cet homme "serait né à Rafah (dans le sud de la bande de Gaza, NDLR) et serait âgé de 28 ans".
Le parquet a indiqué avoir ouvert une enquête, confiée à la police judiciaire, pour "violences ayant entraîné une incapacité totale de travail inférieure à huit jours (4 jours), aggravées par le fait qu'elles auraient été commises à raison de la religion et avec arme par destination".
La victime, qui présente une plaie au front, a expliqué quelques instants après l'agression avoir déjà fait l'objet d'un acte similaire la semaine dernière à Deauville (Calvados).
"J'ai l'impression qu'on est face à (...) un délit de faciès et c'est bouleversant", a déclaré sur BFMTV le rabbin, kippa sur la tête et longue barbe grise.
Elie Lemmel assure n'avoir jamais vu son agresseur dont il n'a pas anticipé le passage à l'acte sur la terrasse de café.
"J'étais concentré sur mon échange avec la personne en face de moi. Et donc il a peut-être crié, mais je n'ai pas du tout prêté attention à cela. Par contre le coup, clairement, je l'ai ressenti très fortement", a-t-il expliqué.
- "Solidarité dévoyée" -
Le rabbin Lemmel assure ne pas connaître les motifs de l'agression: "Ce qui m'intéresse, c'est la suite, sur comment on construit, comment on avance et comment on agit pour que, justement, ça ne se repasse plus. (...) Et au fond, j'ai très peur qu'on soit dans un monde dans lequel les mots génèrent de plus en plus de maux", a-t-il affirmé.
"C'est une agression clairement parce que la personne agressée était un rabbin avec une apparence extérieure qui a mobilisé contre lui l'agression, le déchaînement, la haine d'une personne qui était là", a réagi le Premier ministre François Bayrou, en marge d'un déplacement à Montpellier.
S'il s'est félicité que "l'issue n'(ait) pas (été) tragique", le chef du gouvernement a déploré que "l'état de la société entraîne la radicalisation du débat public et que l'un soutient l'autre".
"S'en prendre à une personne en raison de sa foi est une honte", avait réagi sur X un peu plus tôt dans l'après-midi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, estimant que l'auteur, "qui n'avait rien à faire en France", devait "être puni sévèrement et éloigné".
"On a beau déployer le maximum de moyens, l’agression isolée, erratique, imprévisible comme celle qui s’est produit inquiète car elle est imparable", a déploré auprès de l'AFP le maire de Neuilly-sur-Seine Jean-Christophe Fromantin (DVD), qui doit se rendre dans la soirée dans la synagogue de la ville en compagnie du préfet des Hauts-de-Seine.
Sur le réseau social X, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a condamné "avec la plus grande fermeté l’agression antisémite dont a été victime" le rabbin parisien.
"Quand on est identifié publiquement comme juif, on est potentiellement la cible d'activistes haineux qui peuvent, au nom d'une solidarité dévoyée avec la cause palestinienne, décider de s'en prendre à des Français juifs", a insisté également sur BFMTV le président du Crif Yonathan Arfi.
"Les actes antireligieux doivent entraîner une tolérance zéro", a pour sa part réclamé sur CNews le président du Consistoire central, Elie Korchia.
En 2024, 1.570 actes antisémites ont été recensés en France, selon le ministère de l'Intérieur.
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Q.Dutta--MT