Madras Times - Main-d'œuvre exploitée: la société Loro Piana (LVMH) sous "administration judiciaire"

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Main-d'œuvre exploitée: la société Loro Piana (LVMH) sous "administration judiciaire"
Main-d'œuvre exploitée: la société Loro Piana (LVMH) sous "administration judiciaire" / Photo: LIONEL BONAVENTURE - AFP/Archives

Main-d'œuvre exploitée: la société Loro Piana (LVMH) sous "administration judiciaire"

La maison de mode italienne Loro Piana, propriété du géant français du luxe LVMH, a été placée sous "administration judiciaire" en Italie pour avoir "facilité par négligence" l'exploitation d'ouvriers chez des sous-traitants, selon le verdict du tribunal de Milan dont l'AFP a obtenu une copie lundi.

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Cette mesure, d'une durée d'un an, a un objectif "plutôt de prévention que de répression" afin d'éviter qu'une entreprise ne soit entraînée dans des circuits criminels, selon la même source.

Dans un communiqué, les carabiniers du service de défense des conditions de travail disent avoir "exécuté un décret d'administration judiciaire du tribunal de Milan" contre cette maison, réputée pour ses vêtements en cachemire, jugée "incapable d'empêcher et d'endiguer des phénomènes d'exploitation de main-d'œuvre dans le cadre de la production" de ses collections.

Loro Piana est accusée de "ne pas avoir mis en place les mesures adéquates pour vérifier les conditions réelles de travail (...) des sociétés sous-traitantes".

Les juges du tribunal de Milan estiment que la direction de Loro Piana a "facilité par négligence" l'exploitation de main-d'œuvre, à cause d'une "carence généralisée de modèles d'organisations et d'un système d'audit interne défaillant".

Selon les enquêteurs, la maison confiait la confection de vêtements à une société dépourvue de toute capacité productive, laquelle recourait elle-même à une autre société, qui à son tour faisait appel à des ateliers employant des ouvriers chinois en Italie pour faire baisser ses coûts.

Dans ces ateliers étaient exploités des ouvriers en situation irrégulière sans respecter le législation sur la santé et la sécurité sur le lieu de travail, notamment pour "les salaires, les horaires de travail, les pauses et les vacances".

L'enquête a débuté en mai dernier après la plainte d'un ouvrier chinois passé à tabac par son patron parce qu'il réclamait le paiement de ses arriérés de salaires.

Les carabiniers ont constaté que des ouvriers étaient logés dans des "dortoirs construits abusivement et dans des conditions hygiéniques et sanitaires en dessous du minimum éthique".

Deux ressortissants chinois propriétaires d'ateliers ont été déférés devant la justice pour exploitation de main-d'œuvre, ainsi que deux Italiens pour violations des normes sur la santé et la sécurité sur le lieu de travail. Sept ouvriers dépourvus de titres de séjours ont aussi été renvoyés devant la justice.

Le tribunal a aussi infligé des amendes d'un montant de plus de 181.000 euros et des sanctions administratives d'environ 60.000 euros.

Les activités de deux ateliers chinois ont en outre été suspendues "pour violations graves en matière de sécurité et recours au travail au noir".

Loro Piana avait été acheté par LVMH en 2013. L’actuel président de la société est Antoine Arnault, fils aîné de Bernard Arnault, patron de LVMH, dont un autre fils, Frédéric, est directeur général de cette filiale italienne.

Plusieurs prestigieuses maisons de mode, dont Armani, ont déjà été épinglées par la justice italienne dans des affaires similaires.

L'autorité italienne de la concurrence a ainsi contraint en mai la marque de luxe Dior, appartenant également à LVMH, à verser deux millions d'euros d'aide aux "victimes d'exploitation" dans le cadre d'une enquête sur les conditions de travail de ses sous-traitants. L'autorité avait toutefois exclu toute "infraction".

Contactés par l'AFP, ni Loro Piana ni LVMH n'étaient en mesure de réagir dans l'immédiat.

N.Mukherjee--MT