

Thaïlande: la Cour suprême se prononce sur l'emprisonnement de Thaksin
La Cour suprême de Thaïlande doit rendre mardi un arrêt qui pourrait conduire à l'incarcération du responsable politique le plus influent du pays, Thaksin Shinawatra, en plein tournant pour son clan politique écarté du pouvoir.
La famille Shinawatra domine la vie politique thaïlandaise depuis deux décennies. Elle a longtemps été l'ennemie jurée de l'élite favorable à l'armée et au pouvoir royal, qui considérait son populisme comme une menace pour l'ordre social traditionnel.
Une centaine de policiers ont été mobilisés devant la Cour suprême, où une poignée de partisans de Thaksin se sont rassemblés avant son arrivée, vêtus du rouge de son mouvement politique.
"Il n'y a pas de quoi s'inquiéter, nous faisons confiance au système judiciaire", a déclaré à l'AFP l'un de ses partisans, Theerawan Chareonsuk, 65 ans. "Nous accepterons ce qu'il se passera", a-t-il ajouté.
La dynastie est revenue au pouvoir en 2023, mais des revers juridiques et politiques l'ont mise à mal dernièrement. Un nouveau gouvernement a été formé vendredi sans inclure le parti lié à la famille, le Pheu Thai, après l'éviction de Paetongtarn Shinawatra, fille de Thaksin, accusée d'avoir manqué de respect à l'armée en pleine crise entre la Thaïlande et le Cambodge.
Son père, ancien Premier ministre de 2001 à 2006 avait été condamné à une peine de huit ans d'emprisonnement pour corruption et abus de pouvoir, qu'il n'a jamais purgée en prison.
Revenu d'un long exil à l'étranger en août 2023, Thaksin a séjourné dans une chambre privée d'un hôpital de la police de Bangkok. Puis, une grâce royale a réduit sa peine à un an d'emprisonnement, avant sa libération anticipée par égard à son âge en février 2024.
Mardi, la Cour suprême doit rendre autour de 10H00 (03H00 GMT) un arrêt qui déterminera si l'ancien Premier ministre a, dans ces conditions, correctement purgé sa peine.
Car le transfert à l'hôpital de Thaksin et la date de son retour d'exil - qui coïncidaient avec la formation d'un nouveau gouvernement dominé par le parti des Shinawatra - ont nourri les suspicions quant à un traitement de faveur dont l'ex-Premier ministre aurait bénéficié.
- Enquête -
Une enquête a été ouverte en avril par une division de la Cour suprême. Des responsables pénitentiaires et médicaux ont été interrogés afin de déterminer si la peine de Thaksin Shinawatra avait été purgée correctement.
L'arrêt de la Cour suprême doit intervenir quelques jours après le renversement du Pheu Thai, au gouvernement depuis 2023. Une coalition menée par un ancien allié du parti familial, Anutin Charnvirakul, a finalement pris les rênes du pouvoir la semaine dernière.
Il n'y aura "ni favoritisme, ni persécution, ni vengeance" à l'encontre de Thaksin, a promis le nouveau chef du gouvernement, tout en assurant qu'il organiserait de nouvelles élections législatives sous quatre mois.
Thaksin Shinawatra est revenu en Thaïlande lundi en jet privé, après quelques jours passés hors du pays qui avaient alimenté des rumeurs dans la presse nationale d'une possible fuite à l'étranger. Il avait promis d'assister à l'audience de la Cour suprême en personne.
Thaksin, 76 ans, a été acquitté fin août à l'issue d'un procès pour crime de lèse-majesté, concernant des propos publiés en 2015 par un média sud-coréen. Il encourait pour ces faits jusqu'à 15 ans d'emprisonnement, au titre de la loi thaïlandaise interdisant toute critique du roi et de sa famille.
J.Gill--MT