

L'UE menace de taxer automobiles et avions américains en réponse à Trump
L'UE a menacé jeudi de taxer pour 95 milliards d'euros d'importations américaines, dont les voitures et avions, en cas d'échec des négociations pour mettre fin aux droits de douane de Donald Trump sur les produits européens.
Cette annonce européenne intervient au moment où le président américain a fait état d'un accord "total et complet" avec le Royaume-Uni, premier du genre depuis le lancement de sa guerre commerciale, après des semaines de négociations avec Londres. La portée de cet accord américano-britannique reste cependant floue à ce stade.
L'exécutif européen a annoncé avoir lancé "une consultation publique" sur une longue liste de produits fabriqués aux États-Unis qui seraient potentiellement touchés par des droits de douane européens.
Outre les voitures et avions, cette liste inclut des équipements électriques, batteries, appareils électroménagers, ainsi que des produits agricoles (fruits, légumes) ou agroalimentaires comme les spiritueux, dont les vins et le bourbon.
- "Mesures de rétorsion" -
Ces importations "pourraient faire l'objet de mesures de rétorsion" si les États-Unis maintenaient les surtaxes visant les exportations de l'UE au terme des négociations en cours.
Parallèlement, Bruxelles va saisir l'Organisation mondiale du commerce (OMC) contre les mesures commerciales dont elle est victime de la part des États-Unis.
La Commission européenne a annoncé qu'elle allait déposer "bientôt" une demande de consultations auprès de l'organisation internationale basée à Genève, première étape d'une procédure de règlement des différends, au sujet des surtaxes américaines. L'exécutif de l'UE dénonce "une violation flagrante des règles de l'OMC" et entend "réaffirmer l'importance du respect des règles internationales".
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a toutefois assuré qu'elle restait "pleinement engagée" dans la recherche de solutions négociées avec Washington.
"Nous pensons qu'il est possible de conclure de bons accords au bénéfice des consommateurs et des entreprises des deux côtés de l'Atlantique. Dans le même temps, nous continuons à nous préparer à toutes les éventualités", a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Au cours des derniers mois, l'Union européenne a été frappée à trois reprises par des droits de douane de l'administration américaine: 25% sur l'acier et l'aluminium, annoncés mi-mars, 25% sur les automobiles, puis 20% sur tous les autres produits européens, en avril.
Cette dernière surtaxe a été suspendue jusqu'en juillet pour tenter de rechercher une issue négociée au différend commercial. Mais des droits de douane de 10% restent tout de même appliqués sur la plupart des biens exportés aux États-Unis par les Vingt-Sept.
- L'UE souhaite une désescalade -
Mi-mars, l'Union européenne a choisi de montrer les muscles en réplique aux mesures sur l'acier et l'aluminium. Elle a alors annoncé des droits de douane jusqu'à 25% sur une première liste d'importations américaines pour 26 milliards d'euros. Sont visés dans cette première liste des marques emblématiques comme les motos Harley-Davidson, des denrées agricoles comme le soja, mais aussi des appareils ménagers comme les réfrigérateurs ou les tondeuses à gazon.
Mais la réponse de l'UE n'est pas encore entrée en vigueur, contrairement aux premières mesures de Donald Trump. Les surtaxes européennes restent suspendues aux négociations en cours, prévues jusqu'en juillet, et ne seront appliquées qu'en cas d'échec des discussions.
"Depuis le début, nous avons agi avec clarté, cohérence et un engagement ferme en faveur de la désescalade. Mais nous n'accepterons pas un résultat à n’importe quel prix", a prévenu le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic.
Outre les marchandises, l'UE a déjà averti qu'elle pourrait aussi taxer les géants américains de la tech. Elle pourrait aussi recourir à d'autres instruments comme le gel de l'accès aux marchés publics européens, le blocage d'autorisations de mise sur le marché de certains produits, ou bien le blocage d'investissements...
"Toutes les options restent sur la table", a affirmé jeudi un haut fonctionnaire européen, sous couvert de l'anonymat.
"On commence à réaliser que même si nous voulons des négociations, certains droits de douane américains risquent de perdurer", a-t-il ajouté, décrivant ainsi les préparatifs annoncés jeudi pour des mesures européennes comme un moyen de "rééquilibrer" les échanges avec les États-Unis sur le long terme.
R.Joshi--MT