

Semaine cruciale au Congrès américain pour Trump et son programme
Le programme de Donald Trump entre lundi dans une phase cruciale au Congrès américain, où les républicains doivent s'accorder sur comment financer de gigantesques crédits d'impôts avec des coupes dans les dépenses publiques, notamment dans l'assurance santé des Américains les plus démunis.
Le président pousse les parlementaires à adopter rapidement son projet de "grande et belle loi", et les responsables républicains à la Chambre des représentants espèrent voir chaque commission adopter cette semaine leurs volets respectifs, avant un vote au plus vite dans l'hémicycle.
Pour Donald Trump, l'enjeu principal sera l'extension des énormes crédits d'impôts de son premier mandat, qui arrivent à expiration à la fin de l'année. Début avril, une commission indépendante du Congrès avait estimé qu'une telle extension entraînerait une augmentation du déficit de plus de 4.000 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie.
Alors pour compenser cette onéreuse mesure, les républicains comptent effectuer des coupes claires dans certaines dépenses publiques.
Première cible dans leur collimateur: Medicaid, le programme public d'assurance santé pour les Américains aux revenus modestes.
La commission sur l'énergie et le commerce à la Chambre des représentants a dévoilé dimanche soir son volet de mesures prévues pour atteindre 880 milliards de dollars de réductions des dépenses fédérales au cours de la prochaine décennie.
La plupart de ces économies sont trouvées en réduisant la portée de Medicaid, mais aussi en supprimant certaines incitations aux énergies renouvelables adoptées sous Joe Biden.
- "Jusqu'à l'os" -
Le chef de cette commission, l'élu républicain Brett Guthrie, a argumenté dimanche dans une tribune au Wall Street Journal que les mesures permettaient de "limiter les dépenses de l'Etat à ce qui aide vraiment les Américains".
Selon une analyse du Bureau budgétaire du Congrès - un organe non-partisan, ces mesures "réduiraient le nombre de personnes dotées d'une assurance santé d'au moins 8,6 millions d'ici 2034".
L'homologue démocrate de Brett Guthrie à la commission a dénoncé des "coupes catastrophiques" dans les dépenses de santé.
"Ce n'est pas une entaille dans le gras à la marge, c'est une coupe jusqu'à l'os", a affirmé Frank Pallone dans un communiqué.
"Des millions d'Américains perdront leur couverture santé, des hôpitaux fermeront, les seniors n'auront pas accès aux soins qu'ils nécessitent", a ajouté le démocrate.
Une autre commission doit également se pencher mardi sur des réductions des aides alimentaires pour les Américains les plus pauvres. Là encore, ces réductions pourraient atteindre plusieurs centaines de milliards de dollars.
En cas d'adoption en commissions au cours des prochains jours, le texte pourrait se diriger vers l'hémicycle de la Chambre des représentants ces prochaines semaines, avant un examen par le Sénat.
- Dissensions -
Mais si le projet de loi se heurte à l'opposition des démocrates, les dissensions au sein du camp républicain risquent aussi de le faire capoter.
Du côté de l'aile modérée, on craint que d'importantes coupes dans Medicaid fassent peser un risque électoral trop élevé avant les élections de mi-mandat, en novembre 2026.
Pour une partie de l'aile conservatrice, ces coupes au contraire ne vont pas assez loin. Partisans de l'orthodoxie budgétaire et donc d'une réduction du déficit public, certains élus menacent de ne pas voter en faveur du texte s'ils n'obtiennent pas satisfaction.
L'un d'eux, l'élu texan Chip Roy, a ainsi dit lundi espérer que les dirigeants républicains au Congrès élaborent "un plan de secours", car il ne votera pas pour le projet actuel en l'état.
Les responsables républicains au Congrès affichent publiquement leur optimisme que ces différends pourront être résolus, mais l'inquiétude grandit face au retard pris dans la concrétisation du programme de Donald Trump.
Le temps presse en outre pour que le Congrès adopte avec ce texte une suspension ou un relèvement du plafond de la dette.
Le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, a prévenu vendredi que les Etats-Unis pourraient se retrouver en défaut de paiement au mois d'août - une situation qui serait catastrophique pour la première économie mondiale.
Q.Dutta--MT