

Un pilote de chasse indien prêt à faire un pas de géant pour la conquête spatiale
L'astronaute indien Shubhanshu Shukla doit s'envoler la semaine prochaine pour la Station spatiale internationale (ISS) en rêvant d'être à bord du premier vol habité programmé pour 2027 par New Delhi.
A 39 ans, ce pilote d'essai de l'armée de l'air indienne doit embarquer, avec trois autres astronautes, dans le vaisseau Crew Dragon de l'entreprise SpaceX, pour une mission organisée par l’entreprise américaine Axiom Space.
Il sera le premier Indien à rejoindre l'ISS et le deuxième en orbite.
Son exploit pourrait être suivi d'un second. Shubhanshu Shukla espère être à bord du premier vol habité de l'Inde en 2027, et ainsi entrer dans les livres d'histoire du pays le plus peuplé de la planète.
"Je crois sincèrement que, même si, en tant qu'individu, je vais dans l'espace, il s'agit du voyage de 1,4 milliard de personnes", a déclaré M. Shukla, il y a quelques mois, au quotidien indien The Hindu.
Il entend "susciter la curiosité d'une génération tout entière" et "stimuler l'innovation pour rendre possible, à l'avenir, de tels projets".
Cet officier supérieur des forces aériennes pilotera le vaisseau qui doit décoller le 10 juin du Centre spatial Kennedy en Floride.
Dans le cas où il ne serait pas en mesure de faire partie de cette mission, son compatriote, Prasanth Balakrishnan Nair, 48 ans, également pilote d'essai dans l'armée de l'air, le remplacera.
"C'est plus qu'un simple vol — il témoigne de la ferme détermination (de l'Inde) à s'engager dans la course à la conquête spatiale", a souligné l'agence spatiale indienne à quelques jours du lancement de Crew Dragon.
La cinquième puissance économique mondiale a affiché d'immenses ambitions spatiales au cours de la dernière décennie, avec un programme qui s'est considérablement étoffé et a pris de l'ampleur.
L'Inde a égalé les réalisations des grandes puissances à un prix beaucoup moins élevé. En août 2023, elle est devenue la quatrième nation à poser un engin non habité sur la Lune, après la Russie, les Etats-Unis et la Chine.
- Yoga spatial -
Pour cette mission dans l'ISS, New Delhi a déboursé plus de 60 millions de dollars (52 millions d'euros), selon des médias indiens.
Le Premier ministre nationaliste Narendra Modi ambitionne d'envoyer un Indien sur la Lune d'ici 2040.
Le mois dernier, l'Organisation Indienne de Recherche Spatiale (ISRO) a annoncé qu'une mission orbitale sans équipage "Gaganyaan" (vaisseau spatial en hindi) doit être lancée d'ici quelques mois et un premier vol habité début 2027.
Le voyage de Shubhanshu Shukla aura lieu 40 ans après le vol emblématique de l'Indien Rakesh Sharma à bord d'un vaisseau spatial russe en 1984.
"Contrairement au premier vol, qui revêtait plutôt un caractère symbolique", la mission de M. Shukla, a "une importance stratégique", a souligné l'agence spatiale indienne.
Le pilote d'essai a commencé son entraînement en 2020, aux côtés de trois autres Indiens, au centre des cosmonautes Youri-Gagarine, en Russie, avant de la poursuivre au centre de l'ISRO à Bangalore, dans le sud de l'Inde.
Il entend tirer "de précieuses leçons" de cette mission et notamment des 14 jours dans l'ISS.
"La mission Ax-4 devrait lui fournir une expérience pratique indispensable notamment au niveau des protocoles de lancement, de l'adaptation à la microgravité et de la préparation aux (situations) d'urgence", a ajouté l'agence spatiale indienne.
M. Shukla sera sous le commandement de Peggy Whitson, une ancienne astronaute de la Nasa. Il sera accompagné de deux astronautes de l'Agence spatiale européenne, Slawosz Uznanski-Wisniewski, un Polonais, et Tibor Kapu, un Hongrois.
Fils d'un fonctionnaire, il est originaire de Lucknow, dans l'Etat de l'Uttar Pradesh (nord).
Une fois dans l'espace, dans l'ISS, ce pilote de chasse qui a notamment volé sur des avions russes Sukhoi et MiGil, entend pratiquer le yoga.
Sa femme et son fils suivront ses aventures depuis l'Inde, dans la maison familiale.
"J'ai la chair de poule rien qu'en pensant que bientôt mon frère sera dans l'espace", a déclaré sa sœur aînée Suchi, enseignante, au journal Times of India.
V.Subramanian--MT