

Soleil et "bonnes affaires" pour le lancement des soldes d'été
Les premiers clients cherchent les "bonnes affaires" à l'ouverture des soldes d'été mercredi, un épisode promotionnel scruté par les professionnels du marché de la mode car possiblement concurrencé par "l'explosion" d'offres à très bas prix toute l'année.
Dans une boutique de sport du centre commercial des Terrasses du port, l'un des principaux de Marseille, Valdo Andrade, coiffeur de 34 ans, a déjà deux shorts dans les mains. "C'est [bientôt] les vacances d'été, on regarde s'il y a des matières légères, des maillots de bain", déclare-t-il, à l'affût de "bonnes affaires" pour lui et "les enfants".
Ces quatre semaines "se présentent de manière plutôt optimiste", estime Yohann Petiot, directeur général de l'Alliance du commerce, qui regroupe grands magasins et importantes enseignes de l'habillement et de la chaussure.
"On a plusieurs signaux positifs, dont une météo parfaitement de saison, ce qui est très important dans notre secteur" et a manqué à la précédente édition des soldes d'été, ajoute-t-il.
Selon lui, depuis le début de l'année, l'activité a aussi été "plutôt positive, et ça fait du bien de le dire" dans un secteur qui compte "encore des entreprises en difficulté", souffle-t-il, espérant que cela porte les soldes jusqu'au dernier jour, le 22 juillet.
Les chiffres des cinq premiers mois de 2025 montrent une "très légère" hausse d'activité commerciale (+0,6% sur un an), indique à l'AFP Gildas Minvielle, directeur de l'observatoire économique de l'Institut français de la mode (IFM).
- "Profondément inéquitable" -
Dans le centre ville de Rennes, Tiphaine, 54 ans et sans emploi, n'achète "pratiquement qu'en soldes" afin d'acquérir "des choses de meilleure qualité à un bon prix", explique-t-elle à l'AFP.
Avec la chaleur et "l'inflation qui va mieux", "j'aurais été très positif sur ces soldes", commence Yann Rivoallan, président de la fédération française du prêt-à-porter féminin.
"Mais il n'y a jamais eu autant de concurrence" dans la mode, s'inquiète-t-il, en pointant du doigt "l'explosion" sur le marché européen ces derniers mois des produits d'ultra fast-fashion à très bas prix.
Avec l'essor de l'ultra fast-fashion et de la seconde main, "le marché permet aux consommateurs d'acheter des petits prix toute l'année" et "cela pourrait conduire à éroder, d'une certaine façon, l'intérêt pour les soldes et les promotions", s'interroge aussi M. Minvielle.
Les plateformes en ligne Amazon, Shein et Temu ont enregistré à elles trois 7% des achats du premier trimestre en valeur, soit plus que les grands magasins en France comme Printemps, Galeries Lafayette (5%), étaye l'économiste.
Pour le syndicat des indépendants et des TPE (SDI), "l'état d'esprit (est) alarmant chez les commerçants", notamment en raison de cette "concurrence jugée profondément inéquitable".
Au cœur de Paris, Nezha Alehi, adjointe en magasin de 40 ans, estime qu'elle fait "moins les soldes qu'avant, puisqu'il y a des soldes toute l'année".
- Ventes privées -
"Avec des enfants en bas âge, la taille change très souvent", alors plutôt que d'"acheter des produits très chers pour faire trois mois, six mois, c'est vrai qu'on ne va pas cracher sur la fast fashion", admet-elle.
Anouk Patry, étudiante de 19 ans, n'est pas spécialement tentée par les achats en ligne. "Ce n'est pas dans mes habitudes, et avec mon budget je préfère être sûre de ce que j'achète en le voyant de mes propres yeux", explique-t-elle devant une boutique H&M de Marseille. "L'émergence des plateformes en ligne ne doit pas faire perdre de vue que la majorité des flux de vêtements passe encore par le commerce physique", souligne l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) dans une étude publiée mercredi sur les comportements des consommateurs sur le marché textile.
Yohann Petiot regarde particulièrement la capitale, car lors des soldes 2024, "Paris avait décroché en raison des Jeux olympiques".
Ces dernières semaines, les ventes privées ont "bien fonctionné", note la CCI Paris Ile-de-France, se demandant si "la clientèle dispose encore d'un budget pour les soldes".
D'après son observatoire économique (Crocis) mercredi, les premières démarques sont "conséquentes" pour "écouler la marchandise avant le départ en vacances des Franciliens, afin de faire de la place pour la collection de rentrée, celle qui intéresse le plus les nombreux touristes venus visiter la capitale cet été", qui n'ont "pas de difficulté de pouvoir d'achat".
J.Srivastava--MT