

Dissolution ou présidentielle anticipée: l'après-Bayrou dans toutes les têtes
A six jours d'une probable chute du gouvernement Bayrou, les appels se multiplient dans tous les camps politiques pour une nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale ou une démission anticipée du président Emmanuel Macron, créant des fractures jusque dans le "socle commun" actuellement aux manettes.
Le chef de l'Etat l'a répété à plusieurs reprises: législatives ou présidentielle anticipées ne sont pas à son ordre du jour. Mais plus l'échéance approche, plus la question est sur toutes les lèvres. Et son entourage ne cache pas qu'une dissolution n'est pas exclue en cas de nouveau blocage.
La gauche et l'extrême droite, voire certains Républicains, rejettent en bloc le projet de budget pour 2026 qui prévoit notamment un effort de 44 milliards d'euros, alors que le taux d'intérêt de la dette française à 30 ans a dépassé 4,5%, une première depuis 2011.
A gauche, si La France insoumise plaide sans relâche pour le départ du locataire de l'Elysée, Ecologistes et socialistes tentent d'organiser une nouvelle alliance.
Il faut "qu'on se retrouve, qu'on se mette dans une pièce et qu'on prépare la suite", a déclaré lundi soir la patronne des Écologistes Marine Tondelier, soucieuse d'évoquer avec ses partenaires "tous les scénarios": "qu'il y ait une dissolution, qu'il y ait une nomination de quelqu'un plutôt de la gauche et des écologistes ou de quelqu'un d'autre", ou qu'il y ait "une destitution".
Après avoir offert samedi ses services pour prendre la relève, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a répété vouloir "un Premier ministre de gauche, avec un projet de gauche et qui soumette ses propositions au Parlement" car "une dissolution ne changera rien aux équilibres" politiques.
- "Position de force" -
De l'autre côté de l'échiquier politique, l'extrême droite met, elle, en scène ses préparatifs pour des législatives anticipées. Marine Le Pen et Jordan Bardella ont réclamé mardi dans la cour de Matignon une "dissolution ultra-rapide". "Plus tôt on retournera aux urnes, plus tôt la France aura un budget", a estimé le président du parti.
De fait, la Rassemblement national se voit bien accéder rapidement à Matignon. "Des sondages nous invitent à penser qu'on peut faire la course en tête et moi je crois que nous pouvons avoir une majorité absolue", a déclaré mardi son vice-président Sébastien Chenu, convaincu que de nouvelles législatives précipiteraient encore "l'écroulement du bloc central".
Mais c'est au sein du "socle commun", des Macronistes jusqu'à la droite LR qui gouvernent tant bien que mal depuis un an, que la question divise le plus.
Symbole de cette ligne de crête, le président des LR et puissant ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, défend le vote de confiance contre "les incendiaires qui voudraient allumer la mèche de ce qui pourrait être demain une explosion financière et budgétaire".
Mais certains députés LR ont l'intention de voter contre et leur patron, Laurent Wauquiez, pousse pour une consultation des adhérents du parti. Le locataire de Beauveau ne cache pas ses réserves sur certaines mesures budgétaires, comme la suppression de deux jours fériés.
Opposé à une nouvelle dissolution, Bruno Retailleau l'est également à une démission du président. "Ca fragiliserait nos institutions", a-t-il plaidé lundi. Mais au sein de LR, des voix comme l'ancien ministre Jean-François Copé, ou la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse l'appellent au contraire de leurs vœux.
Dans cette cacophonie semblant précéder un épilogue aux airs de déjà-vu lors de la chute du gouvernement de Michel Barnier en décembre 2024, l'opinion aura-t-elle le dernier mot ?
C'est en tout cas le souhait des organisations syndicales, au premier rang desquelles la CGT, qui appelle à la mobilisation les 10 et 18 septembre (en intersyndicale) contre le projet de budget. "Nous voulons reprendre les choses en main: ce n'est plus possible que notre avenir se décide avec des petits arrangements politiciens ou avec des passages en force, comme veut toujours le faire Emmanuel Macron", a prévenu sa secrétaire générale Sophie Binet mardi sur France 2.
Soucieuse de "mettre ce budget sous surveillance populaire", elle a estimé être "en position de force".
D.Kumar--MT