

Budget: Lecornu écarte plusieurs demandes de la gauche
Le Premier ministre Sébastien Lecornu a promis vendredi soir un gouvernement pour début octobre et écarté plusieurs demandes de la gauche, alors qu'il disait vouloir tendre la main aux socialistes pour ne pas être censuré.
"Le compte n'y est pas" a d'emblée réagi le numéro deux de la CFDT Yvan Ricordeau, qui prévoit avec les autres syndicats une nouvelle journée de mobilisation jeudi.
"Quand je lis cette interview, je m'étouffe", a commenté le porte-parole du Parti socialiste Arthur Delaporte.
Le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon appelle, lui, le reste de la gauche à voter la motion de censure qui sera déposée par ses députés dès le début de la session parlementaire qui s'ouvre le 1er octobre avec le renouvellement des postes clés de l'Assemblée nationale.
Sébastien Lecornu, nommé il y 17 jours, promet, dans un entretien au Parisien, un gouvernement "avant le début des travaux parlementaires", soit début octobre, mais il ne s'engage pas sur une date précise.
Il a convié les groupes politiques de l'Assemblée nationale et du Sénat vendredi prochain, selon Matignon.
Après avoir multiplié les consultations, Sébastien Lecornu évacue toute volonté de "débauchage" de personnalités issues du PS - qui lui-même ne veut pas entrer au gouvernement - car ses futurs ministres devront "partager les grandes orientations du socle commun" composé de la droite et du centre.
- "Feuille blanche" -
Il ne lève pas beaucoup le voile sur le contenu de son budget mais écarte plusieurs pistes, comme le retour de l'impôt sur la fortune supprimé depuis 2017 ou la taxe Zucman, autant de revendications des syndicats et de la gauche.
"Faut-il encore augmenter les impôts globalement ? Je ne le veux pas", affirme le Premier ministre fidèle au mantra fiscal d'Emmanuel Macron, même si "certains augmenteront" et "d’autres diminueront" dans le prochain budget.
Autre demande d'une partie de la gauche, la suspension de la réforme des retraites ne semble pas à l'ordre du jour: cette option "ne règlerait aucun des problèmes" que sont pour lui la situation des femmes et la pénibilité au travail, dit-il, et "personne ne veut d'un nouveau conclave sur les retraites" qui s'était soldé par un échec.
Sébastien Lecornu assure néanmoins que le prochain budget ne sera pas "d'austérité et de régression sociale", et repartira d'une "feuille blanche" que les parlementaires sont invités à remplir. Il efface donc le plan de son prédécesseur François Bayrou qui prévoyait 44 milliards d'euros d'économies.
Il esquisse quelques moyens pour y parvenir : réduire de 6 milliards d'euros le "train de vie" de l'Etat, une "meilleure maîtrise des dépenses sociales et des collectivités territoriales", ainsi qu'un "projet de loi ambitieux de lutte contre les fraudes sociales et fiscales" qui sera présenté au Conseil des ministres en même temps que les projets de budget.
- AME -
Le nouveau locataire de Matignon affirme aussi que "les moyens consacrés aux retraites" augmenteront de six milliards d’euros, et ceux pour la santé de cinq milliards.
Alors que la dette du pays a encore gonflé au deuxième trimestre, atteignant 115,6% du PIB, il dit viser désormais 4,7% de déficit, au lieu de 4,6%, un objectif qu'il juge néanmoins "pleinement compatible" avec celui de 3% en 2029, qui reste inchangé.
Si le Premier ministre semble fermer la porte aux demandes des socialistes, le Rassemblement national va redevenir l'arbitre et la dernière force politique sur laquelle il pourrait s'appuyer pour éviter de tomber.
A cet égard, Sébastien Lecornu dit vouloir "examiner" les évolutions possibles de l'Aide médicale d'Etat (AME) pour les sans papiers, dans le collimateur de la droite et de l'extrême droite mais défendue par la gauche. Il a reçu cette semaine les auteurs d'un rapport sur ce dispositif destiné aux étrangers en situation irrégulière.
A propos du décret de la troisième programmation pluriannuelle de l'énergie, la feuille de route énergétique de la France, il écarte toute idée de moratoire sur les énergies renouvelables pour éviter une censure du RN, démentant une information du média en ligne Contexte. "En revanche, comme pour tout euro d’argent public dépensé, aucune rente ne sera tolérée", dit-il.
Sébastien Lecornu arrive à Matignon avec une cote de confiance proche de celle de François Bayrou lors de son arrivée en décembre 2024, selon un baromètre mensuel Toluna/Harris Interactive publié vendredi.
S.Pillai--MT