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Annie Genevard, "habile" arbitre à l'Agriculture comme chez les Républicains
Annie Genevard, "habile" arbitre à l'Agriculture comme chez les Républicains / Photo: Guillaume BAPTISTE - AFP/Archives

Annie Genevard, "habile" arbitre à l'Agriculture comme chez les Républicains

Annie Genevard, reconduite dimanche au ministère de l'Agriculture, a fait taire ceux qui la pensaient novice sur le sujet en déployant la même "habileté politique" sur les dossiers agricoles que pour gérer les conflits au sein des Républicains.

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Si sa capacité d'écoute est saluée par ses interlocuteurs privilégiés - FNSEA, Coopération agricole, agroindustriels et même les contestataires de la Coordination rurale -, les défenseurs de l'environnement et la Confédération paysanne déplorent eux de ne pas être entendus.

Cette ancienne professeure de français de 69 ans briguait plutôt l'Education nationale avant d'être nommée rue de Varenne en septembre 2024 par Michel Barnier, suscitant alors des doutes après un été de récoltes et d'épizooties dramatiques.

Mais lors de ses déplacements, l'ancienne députée du Doubs et maire de Morteau répète son attachement à "ses" agriculteurs et aux montbéliardes de sa Franche-Comté natale.

Son suppléant à l'Assemblée Éric Liégeon, un éleveur, a été secrétaire départemental de la FNSEA, syndicat dominant et partenaire privilégié du gouvernement.

En décembre, elle est reconduite par François Bayrou, face à des agriculteurs qui demandent l'aboutissement des promesses non tenues après les manifestations agricoles de l'hiver précédent.

Le contexte est tendu, avec des élections syndicales en janvier qui font perdre la majorité absolue à l'alliance historique FNSEA-JA mais pas sa domination sur les institutions agricoles.

- "Allégeance" à la FNSEA -

Véronique Le Floc'h, présidente de la radicale Coordination rurale, qui perce lors du scrutin (30% des votes), affirme que le syndicat n'a depuis "jamais aussi bien travaillé avec un ministre". "Mais elle écoute encore trop la FNSEA."

Le porte-parole de la Confédération paysanne (20% des voix) Stéphane Galais dénonce lui une une "allégeance à la FNSEA qui n'a jamais été aussi flagrante", avec des "reculs scandaleux" sur le soutien à l'agriculture biologique et sur les pesticides. S'il lui reconnaît une certaine "habileté" lors de grandes réunions, c'est surtout car les "forces d'opposition" y sont en "minorité permanente".

En février, Annie Genevard fait adopter au pas de charge la loi d'orientation agricole. Quelques jours plus tard au Salon de l'agriculture, elle expose sa vision - "Produire plus" pour garantir la "souveraineté alimentaire".

Sa défense du stockage de l'eau, de l'agrandissement des élevages et de la réintroduction de pesticides pour "les filières sans solution" est calquée sur la FNSEA.

Avec son expérience d'ancienne vice-présidente de l'Assemblée, elle réécrit avec le sénateur (LR et ex-FNSEA) Laurent Duplomb sa proposition de loi visant à "lever les contraintes" imposées aux agriculteurs pour la rendre "acceptable".

Mais le processus accéléré, sans débat en séance, pour cette loi qui doit réintroduire sous conditions un pesticide néonicotinoïde interdit, creuse les fractures avec les ONG, la gauche, et révèle des divisions avec le ministère de la Transition écologique.

- "Sacrée habileté politique" -

Une pétition citoyenne rassemble plus de 2 millions de signatures contre le texte, un record. Annie Genevard se heurte en août à la censure partielle du Conseil constitutionnel, qui retoque la mesure controversée.

Deuxième écueil: le début du processus de ratification de l'accord de libre-échange de l'Union européenne avec des pays du Mercosur, pourfendu par l'ensemble du monde agricole français, qu'elle avait essayé de bloquer.

Pas de quoi réclamer son départ. FNSEA et JA voulaient "de la stabilité".

"Elle a une sacrée habileté politique, on l'a vu dans l'agriculture comme on l'avait vu chez les Républicains quand elle règle les conflits de mâles alpha", confie un responsable agricole.

Après avoir repris le siège des Républicains à Eric Ciotti, rallié à l'extrême droite et enfermé dans son bureau en 2024, elle a notamment joué les arbitres en tant que secrétaire générale entre Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau.

En dix ans, elle a gravi presque tous les échelons chez les Républicains, où elle défend une ligne conservatrice sur la sécurité, l'immigration, la laïcité ou encore l'avortement et la PMA pour toutes.

R.Joshi--MT