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L'annonce surprise de Donald Trump, qui prétend vouloir reprendre les essais d'armes nucléaires, continuait vendredi de susciter inquiétude et protestations dans le monde entier, sans même qu'ait été éclairci le sens réel de ses déclarations.
Des survivants japonais des bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki en août 1945, uniques occurrences de l'usage de l'arme suprême et symbole depuis du tabou militaire absolu, se sont joints à moult protestations diplomatiques.
La directive du président républicain "va à l'encontre des efforts déployés par les nations du monde entier pour construire un monde pacifique sans arme nucléaire et est absolument inacceptable", a dénoncé l'organisation Nihon Hidankyo, dans une lettre à l'ambassade des Etats-Unis au Japon.
Le maire de Nagasaki, Shiro Suzuki, a pour sa part regretté que l'ordre présidentiel "piétine les efforts des peuples (...) qui ont versé sang et larmes pour un monde" dénucléarisé.
Jeudi, Donald Trump a annoncé vouloir tester les armes nucléaires américaines, laissant planer le doute - à dessein ou non - sur son propos : test d'explosion d'ogives nucléaires, ou essai d'armement capables de les transporter ?
"En raison des programmes d'essais menés par d'autres pays, j'ai demandé au ministère (de la Défense) de commencer à tester nos armes nucléaires sur un pied d'égalité" avec la Russie et la Chine, a-t-il déclaré sur son réseau Truth Social.
Or, nul pays n'a officiellement procédé à un essai nucléaire depuis trois décennies. En revanche, de nombreuses puissances, Etats-Unis en tête, effectuent régulièrement des tests de vecteurs - missiles, sous-marins, avions de chasse ou autres.
L'Iran, accusé par les Occidentaux et Israël de développer l'arme atomique malgré ses démentis, a jugé que les Etats-Unis faisaient porter "le risque de prolifération le plus dangereux au monde".
- "Sous aucune circonstance" -
L'annonce du président américain "est une mesure régressive et irresponsable" et une "menace grave pour la paix et la sécurité internationales", a déclaré sur X le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi. "Le monde doit s'unir pour demander des comptes aux États-Unis".
Dans un contexte géopolitique incandescent, et alors que la rhétorique nucléaire revient périodiquement au premier plan depuis l'invasion russe en Ukraine, en février 2022, Donald Trump a versé de l'huile sur le feu.
Les essais nucléaires "ne doivent jamais être permis, sous aucune circonstance", a déclaré un porte-parole de l'ONU. "Nous ne devons pas oublier l'héritage désastreux des plus de 2.000 essais nucléaires menés ces 80 dernières années", a ajouté Farhan Haq, porte-parole adjoint du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.
Jeudi, le vice-président américain JD Vance a appuyé les propos du chef de l'Etat, arguant de la nécessité de s'assurer que l'arsenal nucléaire national "était en état de marche et fonctionnait bien".
Reste que Washington est signataire du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (Tice). Faire exploser des ogives en constituerait une violation flagrante.
- Obligations internationales -
La décision de Donald Trump a semblé répondre aux manoeuvres récentes de la Russie : cette semaine, le président russe Vladimir Poutine s'est félicité de l'essai final réussi d'un missile de croisière d'"une portée illimitée", puis de celui d'un drone sous-marin.
Mais le Kremlin a jugé bon jeudi de préciser qu'il s'agissait bien d'essais d'armes capables de porter une ogive nucléaire et non de bombes elles-mêmes. "Nous espérons que le président Trump en a été informé correctement", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Pékin, pour sa part, a émis le souhait que Washington respecte "sérieusement" ses obligations internationales et prenne "des mesures concrètes pour préserver le système mondial de désarmement et de non-prolifération nucléaires".
Washington et Moscou restent liés en principe par le traité de désarmement New Start, qui limite chaque partie à 1.550 ogives stratégiques offensives déployées et prévoit un mécanisme de vérifications, interrompues depuis deux ans. Le traité doit expirer en février.
A tout le moins, Donald Trump n'a semblé nullement ébranlé par les protestations qu'il a provoquées. Evoquant le blocage budgétaire qui paralyse actuellement son administration, il a réclamé de changer le règlement du Sénat pour sortir de l'impasse.
"Il est temps pour les républicains de jouer leur +CARTE TRUMP+ et de mettre en œuvre ce qu'on appelle l'Option Nucléaire ", a-t-il écrit sur son Truth Social, comme une énième provocation.
W.Srinivasan--MT
 
             
                                 
                                