

L'ONU déclare la famine à Gaza
L'ONU a officiellement déclaré vendredi la famine à Gaza où 500.000 personnes se trouvent dans un état "catastrophique", selon ses experts, à l'heure où Israël menace de détruire la plus grande ville du territoire palestinien ravagé par la guerre.
Après des mois de mise en garde contre une famine dans la bande de Gaza, le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), un organisme de l'ONU basé à Rome, a confirmé qu'une famine était en cours dans le gouvernorat de Gaza.
Israël a dénoncé une annonce biaisée "fondée sur les mensonges du Hamas", le mouvement islamiste palestinien dont l'attaque sans précédent le 7 octobre 2023 contre Israël a déclenché la guerre.
"Il n'y a pas de famine à Gaza", a affirmé le ministère israélien des Affaires étrangères.
Le gouvernorat de Gaza représente environ 20% de la superficie du territoire palestinien. Si l'on ajoute ceux de Khan Younès (29,5%) et Deir el-Balah (16%), on arrive à 65,5%, soit environ les deux tiers de la superficie totale de la bande de Gaza, un territoire pauvre de 365 km2 où s'entassent plus de deux millions de Palestiniens.
Selon des experts de l'ONU, plus d'un demi-million de personnes à Gaza affrontent des conditions "catastrophiques", le niveau de détresse alimentaire le plus élevé de l'IPC, caractérisé par la famine et la mort.
Cette famine "aurait pu être évitée" sans "l'obstruction systématique d'Israël", a accusé le responsable de la coordination des affaires humanitaire des Nations unies, Tom Fletcher.
Le Cogat, organisme du ministère israélien de la Défense supervisant les affaires civiles dans les Territoires palestiniens occupés, a dénoncé le rapport d'IPC comme étant "mensonger et partial", ajoutant que l'IPC n'a pas tenu compte des efforts déployés ces dernières semaines pour "stabiliser la situation humanitaire dans la bande de Gaza".
- "Portes de l'enfer" -
Le chef des droits humains de l'ONU, Volker Türk, a rappelé vendredi qu'"affamer des gens à des fins militaires est un crime de guerre".
"Nous ne pouvons pas laisser cette situation perdurer en toute impunité", a déclaré pour sa part le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. "Nous avons besoin d'un cessez-le-feu immédiat, de la libération immédiate de tous les otages et d'un accès humanitaire total et sans entrave", a-t-il ajouté.
Israël avait menacé plus tôt de détruire la ville de Gaza si le Hamas n'acceptait pas la paix à ses conditions, au lendemain du feu vert donné par le Premier ministre Benjamin Netanyahu à des négociations visant à libérer tous les otages enlevés le 7-Octobre et restants à Gaza.
"Bientôt, les portes de l'enfer s'ouvriront sur les meurtriers et les violeurs du Hamas à Gaza, jusqu'à ce qu'ils acceptent les conditions posées par Israël pour mettre fin à la guerre, principalement la libération de tous les otages et le désarmement" du Hamas, a écrit le ministre de la Défense, Israël Katz, sur X.
Jeudi soir, M. Netanyahu a annoncé avoir ordonné des "négociations immédiates" en vue de "la libération de tous (les) otages et mettre fin à la guerre dans des conditions acceptables pour Israël".
Sans la citer explicitement, il répondait à la dernière proposition des médiateurs --Egypte, Qatar et Etats Unis-- en vue d'un cessez-le-feu.
- Gamelles vides -
"Vous savez qui meurt de faim? Les otages enlevés et torturés par les barbares du Hamas", a réagi sur X l'ambassadeur des Etats-Unis en Israël, Mike Huckabee, fervent soutien d'Israël avant même la publication du rapport de l'IPC.
Chaque jour des journalistes de l'AFP dans la bande de Gaza assistent à des distributions alimentaires où des foules de Palestiniens de tous âges se ruent en criant, pleurant, suppliant qu'on leur remplisse des gamelles ou casseroles vides tendues avec l'énergie du désespoir vers des cantines de campagne.
Tout en disant vouloir négocier un accord de cessez-le-feu et de libération des otages à Gaza, Israël, qui contrôle aujourd'hui environ 75% du territoire palestinien, intensifie sa pression militaire. Le gouvernement a ainsi approuvé cette semaine un plan d'assaut contre Gaza-ville, la plus grande du territoire, et annoncé le rappel de 60.000 réservistes supplémentaires.
Le Hamas a donné lundi son accord à un projet d'accord prévoyant, selon des sources palestiniennes, une trêve de 60 jours durant laquelle les otages toujours captifs à Gaza (au nombre de 49 dont 27 déclarés morts par l'armée israélienne) seraient relâchés en deux temps en échange de la libération de centaines de prisonniers palestiniens.
L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.
La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 62.192 morts, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza. Le ministère, dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU, ne précise pas le nombre de combattants tués.
G.Mittal--MT