

Kim, kimchi et mitraillettes : à Moscou, des peintures célèbrent l'alliance avec Pyongyang
Des soldats nord-coréens et leurs "camarades" russes face à l'armée ukrainienne, des portraits du dirigeant Kim Jong Un ou la préparation du kimchi : à Moscou, une exposition de peintures nord-coréennes illustre les liens de plus en plus étroits avec Pyongyang.
D'un réalisme confondant, la peinture à l'huile "Pour un frère d'armes" cueille le visiteur avec ses militaires nord-coréens dans le feu de l'action, mitraillette au poing et enthousiasme manifeste.
Plus loin, une toile dépeint la fraternité entre soldats des armées de Russie et de Corée du Nord tous drapeaux dehors. D'autres artistes donnent dans le lanceur de missiles ou l'avion de chasse faisant un carton contre une île.
L'exposition, présentée au musée des arts décoratifs de la capitale russe jusqu'au 10 octobre, est intitulée "Pays d'un grand peuple" et s'attache à célébrer la coopération entre les deux pays dans tout ce qu'elle a de militaire.
Les Nord-Coréens fournissent armes et troupes pour soutenir l'offensive russe contre l'Ukraine, en cours depuis février 2022.
Moscou et Pyongyang ont d'ailleurs admis que des militaires nord-coréens avaient participé aux combats contre les Ukrainiens dans la région russe frontalière de Koursk, en partie occupée par l'Ukraine à l'été 2024 et que la Russie dit avoir entièrement reprise au printemps dernier.
- "Pyongyang, la nuit" -
Au plan diplomatique, Kim Jong Un et Vladimir Poutine ont assisté début septembre à Pékin, aux côtés du président chinois Xi Jinping et d'une vingtaine de dirigeants étrangers, à un défilé militaire géant célébrant les 80 ans de la fin de la Deuxième Guerre mondiale.
Plus prosaïquement, cet été, un premier avion de ligne a commencé à relier directement Moscou à Pyongyang. Et, dans la capitale russe, un restaurant nord-coréen fait régulièrement le plein en servant des nouilles froides, aux côtés d'autres spécialités culinaires nationales.
A l'exposition moscovite, le visiteur est d'abord prié par une guide russe d'observer une immense photo de Kim Jong Un et du chef de l'Etat russe se serrant la main, avant de passer aux peintures guerrières, puis à "Pyongyang, la nuit", un panorama de cette ville nord-coréenne brillant de mille feux.
Ici, le style rappelle fortement le réalisme socialiste. Le titre de l'oeuvre décrit précisément les personnes et les choses dépeintes - sans ironie ou sens caché.
"La fabrication du kimchi", par exemple, montre sans effet recherché la façon dont des Nord-Coréens préparent ce plat traditionnel coréen concocté à base de chou fermenté épicé et de radis.
- "Souffrances, répression" -
Alexandre et Igor (prénoms modifiés), 25 ans tous les deux, disent être venus pour "l'exotisme" qui émane des peintures.
"A l'époque de l'URSS, nos peintres réalistes mettaient en avant les réalisations du socialisme", explique Alexandre, un étudiant en informatique. "Ils ne fanfaronnaient pas, comme le font les peintres nord-coréens".
Quant à l'alliance entre Moscou et Pyongyang, Igor, qui étudie les relations internationales, la qualifie de "partenariat temporaire".
"Ca ne durera pas. Seulement le temps de la guerre en Ukraine", dit-il, tandis qu'un homme avec un pin's à l'effigie de Kim Il Sung, le fondateur et premier dirigeant de la Corée du Nord, et de son fils Kim Jong Il au revers de la veste vient tendre l'oreille pour mieux écouter la conversation.
Ce pays, l'un des plus fermés de la planète, est régulièrement critiqué pour les conditions de vie et le manque de liberté d'expression.
Le mois dernier, l'ONU s'est alarmée dans un rapport de la situation générale des droits humains, estimant que la décennie écoulée avait été marquée en Corée du Nord par "des souffrances, de la répression et des peurs accrues".
G.Mittal--MT