

F1: nouvelle zone de turbulences pour Alpine, qui change encore de visage
Le départ de son patron Oliver Oakes et l'arrivée de l'Argentin Franco Colapinto comme nouveau coéquipier de Pierre Gasly ce week-end, pour le Grand Prix d'Emilie-Romagne, exacerbent l'instabilité chronique dans les rangs d'Alpine en Formule 1.
Il n'a pas fallu plus de 12 heures la semaine dernière pour que l'écurie franco-britannique change de visage: si l'arrivée de Franco Colapinto en lieu et place de l'Australien Jack Doohan était attendue, le départ d'Oliver Oakes annoncé quelques heures plus tôt, après moins d'un an de service, a pris le paddock de court.
Cette démission surprise est "de nature personnelle", avait rapidement tempéré le conseiller executif de la marque Flavio Briatore, fermant la porte à d'éventuelles querelles internes.
Selon le quotidien The Telegraph, elle est liée à l'arrestation au Royaume-Uni de son frère William Oakes, accusé de "transfert de biens criminels".
La décision du Britannique acte toutefois le sixième départ d'un "team principal" dans l'équipe depuis 2020. Oakes avait succédé au Français Bruno Famin à l'été 2024, lui-même successeur de l'Américain Otmar Szafnauer, limogé à l'été 2023.
"C'est sûr qu'idéalement, on souhaiterait de la stabilité", a réagi Pierre Gasly, chez Alpine depuis 2023. "Mais c'est comme ça (...), il faut que je reste concentré sur mon travail", a encore dit le Français.
- Flavio Briatore, directeur de facto -
Après ce départ, si le Britannique Dave Greenwood, directeur de course d'Alpine, a récupéré le titre de représentant de l'équipe ("team representative"), c'est Flavio Briatore, 75 ans, qui en devient le directeur de facto.
L'Italien était attendu ce week-end avec la casquette officielle de directeur d'écurie - et donc représentant - mais le règlement de la Fédération internationale de l'Automobile (FIA) ne le lui permet pas, puisqu'il n'est pas inscrit comme membre du personnel d'Alpine.
Pour l'ancien directeur de Renault F1 de 2000 à 2009, magnat déchu du sport, il s'agit d'un retour au sommet.
Impliqué à la fin des années 2000 dans une affaire de tricherie, Briatore avait été contraint en 2009 de quitter Renault (groupe dont fait partie Alpine), avant d'être banni à vie de la F1. Cette sanction, par la suite annulée, semblait toutefois avoir sonné le glas de sa carrière dans la catégorie reine du sport auto.
À la surprise générale, il a signé son retour en juin 2024, appelé comme conseiller par Luca di Meo, le PDG du constructeur français.
Quelques semaines après son arrivée, la marque annonce qu'elle arrêtera de fabriquer ses moteurs F1 à compter de 2026, mettant fin à près de 50 ans d'histoire dans l'élite du sport auto. L'an prochain, des moteurs Mercedes équiperont ses châssis.
- La valse des pilotes -
Cette instabilité au sommet touche également les pilotes puisque Gasly fera équipe avec un nouveau coéquipier ce week-end - le troisième en seulement neuf courses.
En effet, Franco Colapinto remplace Jack Doohan, qui était déjà sur la sellette avant même le début de la saison dont les performances ont été jugées insuffisantes après six GP.
L'Australien avait lui-même succédé au Normand Esteban Ocon, écarté avant le dernier GP de la saison 2024 et aujourd'hui chez Haas.
"Malheureusement, je ne suis pas vraiment surpris par certaines des décisions récemment prises par l'équipe", a réagi jeudi Ocon. "Je suis évidemment triste pour Jack (...), Franco mérite lui aussi d'être en F1".
Colapinto, qui devrait apporter un soutien financier important à Alpine par le biais de ses sponsors personnels, a déjà couru neuf GP chez Williams en 2024.
Il prendra part au minimum aux cinq prochaines courses, soit jusqu'au GP d'Autriche fin juin, avec l'espoir de faire décoller Alpine des tréfonds du classement constructeurs.
Incapable de véritablement se mêler à la bagarre, l'écurie n'est que 9e (sur 10) au général après six manches.
Pour l'heure, si ce nouvel organigramme semble encore loin d'être figé, "on essaye de trouver une forme de stabilité dans cette équipe", a défendu Luca de Meo à Canal+.
"Une chose sur laquelle il n'y a aucun doute, c'est que nous allons continuer à investir jusqu'à trouver l'alchimie pour être performant".
Pour combien de temps encore ? L'an prochain, la F1 inaugurera une nouvelle ère de réglementations, l'occasion rêvée pour Alpine de se relever.
Q.Kulkarni--MT