

Tour de France: quatre ans après, Van der Poel renoue avec le jaune
Quatre ans après avoir éclaté en larmes au souvenir de son grand-père décédé Raymond Poulidor, Mathieu van der Poel a retrouvé le maillot jaune du Tour de France, dimanche, en remportant la deuxième étape à Boulogne-sur-Mer, devant Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard.
Cette fois, il n'y a pas eu la même émotion qu'en 2021 à Mûr-de-Bretagne lorsqu'il avait dédié sa victoire, déjà lors de la deuxième étape, à "Poupou", décédé un an et demi plus tôt. Mais la satisfaction profonde d'avoir enfin renoué avec la gagne sur la Grande Boucle, où son bilan souffre de la comparaison avec le reste de son monstrueux palmarès.
"Il y a quatre ans, il y avait eu beaucoup d'émotions car c'était mon premier Tour et pas longtemps après sa mort. J'aurais tellement aimé courir le Tour quand il était encore là. Aujourd'hui, je suis fier de regagner enfin. Je reçois à nouveau le maillot jaune, donc ça valait le coup", a raconté le Néerlandais après cette deuxième victoire en deux jours pour l'équipe Alpecin, après celle du sprinteur Jasper Philipsen à Lille.
Le triple vainqueur de Paris-Roubaix, biberonné aux classiques, n'a jamais fait un mystère que le Tour n'était "pas sa passion", comme il l'a confié l'an dernier. Et ce malgré son héritage familial, une mère française et le statut culte en France de son grand-père qu'il adorait et qui n'a, lui, jamais réussi à endosser une seule fois le maillot jaune.
"Cette victoire ne change pas tellement ma relation avec le Tour. J'ai eu du mal ces dernières années mais cette fois les circonstances sont différentes avec le parcours de cette première semaine qui me convient très bien", a expliqué "MVDP".
- Pogacar très sage -
"On a aussi changé d'approche cette année avant le Tour en participant au Dauphiné. On a un peu copié ce qu'on faisait avant les classiques en allant sur Tirreno-Adriatico. C'était une bonne idée, ça a bien marché."
Dimanche, sur les terres du Nord, il a effectivement survolé les débats dans un final cousu main pour lui, avec trois côtes courtes mais très raides et une arrivée en montée sur un terrain finalement sec, malgré le déluge du début de journée.
Intouchable sur ce type de tracé, surtout avec sa forme actuelle, le dragster néerlandais a facilement réglé un groupe d'une vingtaine de coureurs pour s'imposer, comme en 2021, devant Pogacar, étonnamment sage dimanche, et Vingegaard, qui a poursuivi son travail de harcèlement du Slovène en plaçant plusieurs accélérations.
Derrière ces trois superstars, les puncheurs français se sont illustrés avec quatre coureurs dans le Top 10: Romain Grégoire 4e, Julian Alaphilippe 5e, Aurélien Paret-Peintre 7e et Kevin Vauquelin 8e.
Grégoire et surtout Vauquelin ont multiplié les mouvements dans les côtes du Haut Pichot, de Saint-Etienne-au-Mont et d'Outreau. En vain.
- Les Français très actifs -
"C'est dommage, je suis très fort aujourd'hui, les jambes sont là mais au final je sors frustré", a commenté Vauquelin, vainqueur d'étape l'année dernière à Bologne.
Le Normand, qui prend de l'épaisseur au fil des semaines, a déploré le manque de collaboration de Matteo Jorgenson lorsqu'il est sorti une énième fois dans les derniers kilomètres avec l'Américain.
Grégoire avait, lui aussi, "un peu de regrets", confiant un "manque de hargne" et un "petit complexe d'infériorité" face aux monstres devant lui.
"J'aurais bien aimé être dans la roue de Van der Poel dans les derniers mètres mais je pense qu'il m'aurait battu de toute façon", a-t-il constaté.
"Mathieu a été le plus fort", a également estimé Pogacar, qui va porter lundi le maillot à pois de meilleur grimpeur. Le Slovène vise évidemment une autre tunique dans trois semaines à Paris...
En attendant, le jaune est sur les épaules solides de Van der Poel et le Néerlandais estimait lui-même que la couleur, finalement, ne lui allait pas si mal.
C.Arora--MT