

Tour de France: Vauquelin, et maintenant?
Après avoir incarné avec fraîcheur et ambition le visage du cyclisme français lors de la première semaine du Tour de France, Kévin Vauquelin veut vivre la suite "au jour le jour", alors que la haute montagne se profile et qu'une victoire d'étape reste "l'objectif".
"Il s'est passé beaucoup de choses, émotionnellement et physiquement..."
Alors que les machines à laver tournent à plein régime lors des journées de repos sur la Grande Boucle, le Normand profite de la quiétude toulousaine, après être sorti du tambour de l'une d'elles.
Quatre Top 10, un maillot blanc porté trois jours durant et une place sur le podium du Tour cédée lundi dans les pentes auvergnates: le bilan est superbe, presqu'inespéré, pour le leader d'Arkéa B&B Hotels.
Vauquelin a su profiter de sa bonne forme, après une deuxième place au Tour de Suisse, et d'un parcours pour puncheurs à sa convenance. Sans complexe, il s'est invité à la table des grands et pointe désormais à la sixième place, sans pour autant faire une fixette sur le sujet.
- "Etre patient" -
"Faire Top 10 sur le Tour de France, c'est énorme, c'est une course tellement exigeante, (...) après, je préfère presque faire 11e en ayant fait une très belle échappée, où j'ai peut-être réussi à choper une victoire d'étape, que de faire huitième en ayant juste suivi pendant deux semaines", a souligné mardi le coureur de 24 ans.
"On verra au jour le jour et, dès qu'il y aura un jour moins bien, je déciderai peut-être de me relever, ensuite je pourrai peut-être avoir ma carte dans les échappées", estime Vauquelin, qui martèle la priorité: une victoire d'étape.
Souvent bien présent lors des fins d'étape parsemées de raidards, il n'a pas encore pu lever les bras comme à Bologne l'an dernier, surveillé de près par les équipes des cadors.
La donne sera certainement différente désormais pour lui avec l'arrivée dans les Pyrénées jeudi vers Hautacam, où il essayera, si ses jambes le lui permettent, de rester au contact des meilleurs, après avoir concédé 46 secondes à Pogacar et Vingegaard au Mont-Dore lundi.
"Maintenant, on va arriver dans des étapes difficiles", note son directeur sportif Didier Rous, avant d'ajouter: "Si Kévin essaie de bouger, il va y laisser énormément d'énergie, et il n’y aura pas de résultat, donc il vaut mieux être un peu plus patient et voir comment ça se passe."
Sans certitudes concernant son niveau dans les étapes de très haute montagne, Vauquelin a au moins fait le plein de confiance grâce à ses récents résultats, une légitimité croissante dans le peloton et en interne avec un statut de leader "exigeant" renforcé.
Jusque-là, ses équipiers ont répondu présent, d'Arnaud Démare, précieux capitaine de route lorsqu'il s'agit d'être bien placé à l'approche des bosses, à Ewen Costiou, solide lieutenant quand la route s'élève.
"C'est Kévin, le centre de tout ça. Si lui est au niveau, les autres se sentent obligés d'y être pour le soutenir, tout ça se construit et ça ne se fait pas du jour au lendemain", affirme Didier Rous.
- "Du pain, du vin, du Vauquelin" -
"C'est un travail de plusieurs années", confirme "le Vauq'". "J'ai commencé à m'affirmer et mes équipiers m'ont permis de m'affirmer, ils m'ont dit: +Rends-toi compte de ce que tu fais!+".
Le public, lui, s'en rend compte, et les marques d'affection ont afflué envers le Normand, adulé sur ses terres et salué partout ailleurs par des pancartes honorant "Kévin le (Vi)King!" et réclamant "Du pain, du vin, du Vauquelin".
"Je profite au maximum, mais c'est parce que j'ai été sur le bord de la route, parce que j'ai vécu ces moments du Tour de France", explique Vauquelin, qui tente régulièrement d'avoir un geste pour ses supporters.
"Quand j'arrive à réagir à une pancarte avec mon nom dessus et des enfants qui sont à côté en train de crier mon nom, le soir ils se couchent avec des étoiles dans les yeux parce que je leur ai prêté attention, ils se disent +J'ai pas fait ça pour rien+, et moi, c'est ce que je veux donner à la foule", clame-t-il.
F.Pathak--MT