

Top 14: Esteban Capilla, l'ovni bayonnais à la porte des Bleus
Le sélectionneur Fabien Galthié, qui raffole des "ovnis" du rugby, en a peut-être repéré un dimanche dans le ciel bayonnais: impérial contre Toulouse (40-26) pour son vingtième match seulement en Top 14, Esteban Capilla est un prétendant crédible pour la tournée de novembre des Bleus.
"Je me sens trop bien", "c'est cool", "c'est ouf"... Ne cherchez pas trop loin le plus heureux des joueurs dimanche soir à Jean-Dauger.
La tête dans les étoiles, le troisième ligne aile rayonnait devant la presse, comme il avait rayonné 70 minutes durant face à Toulouse, avec en apothéose son essai (70e) remettant les siens devant au score pour de bon.
A la différence d'autres joueurs aux parcours atypiques sélectionnés ces dernières années, comme Melvyn Jaminet, retenu alors qu'il évoluait à Perpignan en Pro D2, Capilla, 22 ans (1,98 m, 100 kg), est loin d'être un inconnu des sélections et de Marcoussis.
Champion du monde U20 en 2023 avec la génération Nouchi, Depoortere ou Attissogbe, il met l'accent sur le VII avec le rêve olympique à Paris en tête. Mais tout s'écroule à six semaines de l'événement après une déchirure à l'ischio-jambier droit.
"J'ai vraiment eu du mal à encaisser d'avoir loupé les JO de 2024. Vous dire que j'ai complètement oublié, non", rappelait-il dimanche.
Au lieu de se morfondre, Capilla rebondit à XV et dispute 15 matches pour sa première saison en Top 14, durant laquelle son capitaine Arthur Iturria le trouve "+foufou+, avec beaucoup de fautes mais un gros engagement".
- "Super pouvoir" -
"Il a des qualités que l'on n'avait pas dans l'équipe", poursuit Iturria: "Il est très athlétique, court très vite et cette année, on peut voir qu'il n'a pas baissé son niveau de jeu. Il a pris plus d'ampleur physiquement et il s'est vraiment calmé sur les fautes. Je pense qu'il a compris ce qu'était le très haut niveau et qu'il a envie de l'atteindre".
En cinq matches disputés cette saison, tous comme titulaire, Capilla a déjà marqué trois essais et contribué par son abattage et son énergie à la montée en puissance de l'Aviron, leader du Top 14.
"Des fois, il faut essayer de le calmer, lui dire qu'il soit patient, insiste Iturria. S'il continue à travailler comme il le fait, s'il prend son temps par moments, ce sera un excellent joueur".
De ses deux années à VII il a gardé des courses et une technique à part, comme sur ce cadrage-débordement sur Georges-Henri Colombe dans un tout petit périmètre amenant le deuxième essai basque face au champion de France. "J'ai toujours dit que les qualités que l'on développe à VII sont transposables à 15. J'ai joué de manière instinctive, cela m'a réussi", reconnaît l'intéressé.
A force d'enchaîner les grosses prestations, son nom circule en vue de la tournée de novembre et Galthié l'a même prononcé dans le quotidien Sud Ouest.
"Je ne suis pas légitime pour répondre à ça et me positionner", coupe-t-il pourtant à ce sujet: "Si ça vient tant mieux, parce que tout joueur qui a un minimum d'ambition veut jouer pour son pays. Je travaille au quotidien pour le club et pour l'équipe et viendra ce qui adviendra".
"Esteban sait où il veut aller, résume son manager Grégory Patat. Aujourd'hui, il amène ce super pouvoir, il est costaud dans les collisions, il amène toujours sa vitesse dans les espaces. Il est en train de franchir un palier sur ce début de saison, il faut qu'il confirme pour la suite".
Une suite peut-être bleue et constellée d'étoiles...
N.Bhat--MT