

Financer les sciences et leur diffusion, l'équation nécessaire de la rentrée
Depuis la rentrée, chercheurs et responsables du monde scientifique multiplient les initiatives auprès du grand public et des décideurs afin de défendre les savoirs et leur diffusion, dans un contexte de rigueur budgétaire.
"Il y a un temps où on avait l'impression que la science n'avait pas besoin de montrer son utilité. Et puis là, il y a comme un retour en arrière sur ces sujets, comme sur d'autres d'ailleurs", explique à l'AFP Delphine Samsoen, la présidente par intérim d'Universcience, la structure qui gère le Palais de la Découverte et la Cité des Sciences et de l'Industrie.
"Finalement, il faut faire cette démonstration que la science a sa place, son utilité, et pourquoi on fait de la science", ajoute-t-elle.
La Fête de la science, du 3 au 13 octobre en France, sera l'occasion pour le grand public de s'y plonger, avec 6.700 évènements au programme. Dans ce cadre, la Cité des Sciences - qui fêtera ses 40 ans en 2026 - sera gratuite le premier week-end, avec des médiations scientifiques et des conférences ouvertes à tous.
Mais au-delà de la 34e édition de ce rendez-vous, c'est tout un secteur qui se bat pour sa reconnaissance.
Au Muséum national d'histoire naturelle, Gilles Bloch met sur pied un "budget 2026 un peu plus frugal que celui de 2025. C'est un budget prudentiel mais qui ne nécessite pas de couper nos actions", souligne son président auprès de l'AFP.
Le Muséum, qui poursuit des rénovations sur différents sites - à l'image de la Galerie de paléontologie et d'anatomie comparée qui fermera ses portes en janvier 2026 pour près de deux ans - échelonne les priorités dans les travaux.
- "La science est partout" -
Pour obtenir des moyens à la hauteur des enjeux, le CNRS a lui présenté sa première étude d'impact début septembre, issue du chantier scientifique mené lors de la restauration de la cathédrale Notre-Dame.
"La science est partout, y compris sur des sujets où vous ne l'attendez pas", a exposé à cette occasion Antoine Petit, le président du CNRS.
"C'est extrêmement important de rappeler à quel point on a besoin de science, et donc c'est important de s'intéresser à son impact" mais il met en garde: "si on avait demandé à Edison à quoi sert l'électricité, il n'aurait pas su répondre".
Ces études d'impact doivent permettre "d'orienter les politiques publiques, de convaincre plus que jamais qu'il faut investir dans la science", ajoute M. Petit.
Au Musée de l'Homme, qui fête en 2025 les 10 ans de sa réouverture, le constat est le même.
"C'est important que notre musée s'inscrive dans l'affirmation des faits scientifiques, de la démarche scientifique, comment on produit de la science", souligne Aurélie Clemente-Ruiz, la directrice de l'établissement.
Réflexion sur la muséographie - avec deux nouveaux parcours thématiques sur le genre et le racisme, refonte d’un nouvel espace famille... Le musée de l'Homme a depuis 10 ans accueilli plus de 400 conférences pour "donner à voir cette science qui se fait au quotidien, souvent cachée dans les labos", ajoute Aurélie Clemente-Ruiz.
Dans une enquête réalisée en février 2025 à l'initiative du Collège des sociétés savantes académiques de France, l'inquiétude est patente parmi les scientifiques. Seuls 15% des 2.600 chercheurs interrogés estiment satisfaisant le système actuel de financement de la recherche publique. Et près de deux tiers regrettent "une absence de stratégie nationale".
Depuis la rentrée, les tribunes fleurissent dans les médias, appelant à financer la recherche et à favoriser la diffusion des savoirs.
De manière plus symbolique, la mobilisation s'est aussi intéressée à l'avenir du Palais de la Découverte, fermé depuis 2020 pour travaux.
"On a besoin d'un palais comme ça pour faire aimer la science aux gens, qu'ils n'aient pas peur de poser des questions, de se tromper", a glissé Françoise Combes, présidente de l'Académie des sciences aux côtés d'Edouard Philippe, ancien Premier ministre, lors de la présentation du festival scientifique +Sur les épaules des géants+, au Havre le week-end dernier.
"Les discussions sont en cours avec les ministères de tutelle", assure Delphine Samsoen, la présidente par intérim d'Universcience. Tout comme les discussions budgétaires.
M.Banerjee--MT