Madras Times - Retards: Bruxelles envisage de donner un peu d'air aux compagnies aériennes

Euronext
AEX -0.02% 924.22
BEL20 0.22% 4497.47
PX1 -0.11% 7779.72
ISEQ 0.95% 11475.17
OSEBX -0.61% 1564.95 kr
PSI20 0.2% 7375.8
ENTEC -0.41% 1416.23
BIOTK 0.7% 2650.48
N150 0.15% 3589.97
Retards: Bruxelles envisage de donner un peu d'air aux compagnies aériennes
Retards: Bruxelles envisage de donner un peu d'air aux compagnies aériennes / Photo: Daniel ROLAND - AFP

Retards: Bruxelles envisage de donner un peu d'air aux compagnies aériennes

Permettre aux compagnies aériennes d'accuser des retards plus longs sans avoir à indemniser les passagers? La mesure, examinée mercredi à Bruxelles, divise les Etats membres et provoque la colère des associations de protection des consommateurs.

Taille du texte:

Les passagers peuvent actuellement réclamer jusqu'à 600 euros pour un retard de plus de trois heures, ou si un vol est annulé moins de deux semaines avant son départ prévu.

Cette mesure, adoptée il y a plus de 20 ans, est régulièrement citée en exemple pour illustrer l'engagement de l'Union européenne en faveur des droits des consommateurs.

Mais les compagnies aériennes dénoncent une charge financière excessive — évaluée à 8,1 milliards d’euros par an selon la Commission européenne — qui, selon elles, les inciterait à annuler davantage de vols plutôt que de les faire partir en retard.

"Allonger les délais permettrait aux compagnies de mieux réorganiser avions et équipages à travers l'Europe et de garantir le calendrier des vols", plaide Airlines for Europe, lobby du transport aérien européen.

- De 3 à 5 heures? -

La question a été remise sur la table par la Pologne, dans le cadre de sa présidence tournante de l'UE.

L'idée de faire passer le seuil d'indemnisation de trois à cinq heures a notamment été évoquée, selon plusieurs sources. Mais elle a été stoppée net par l'Allemagne.

"Les longs retards sont un véritable fléau" pour les passagers, a dénoncé la ministre allemande Stefanie Hubig, chargée de la protection des consommateurs. "Ils gâchent le début de vacances bien méritées et des plans importants, ils font perdre un temps précieux", a-t-elle souligné.

C'est pourquoi l'Allemagne ne peut pas soutenir de modifications "unilatéralement alignées" sur les intérêts des compagnies aériennes "juste avant la saison estivale", a ajouté la ministre.

Selon le lobby du transport aérien européen, qui représente 17 groupes européens, de Lufthansa à Ryanair en passant par Air France-KLM et easyJet, faire passer ce délai de 3 à 5 heures permettrait de garantir 50% des vols actuellement annulés.

Cela priverait aussi environ 75% des passagers de leur droit à l'indemnisation, rétorque le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC), la majorité des retards constatés se situant dans cette fourchette de trois à cinq heures.

"Pour les consommateurs européens, ce changement serait désastreux", alerte Tomasz Pawliszyn d'AirHelp, l'une des entreprises qui aident les passagers à faire valoir leurs droits face aux compagnies, contre commission.

Un tel changement risque aussi de provoquer la confusion pour les consommateurs à échelle mondiale, assure-t-il, puisque le seuil des trois heures a depuis été adopté dans d'autres pays comme le Canada, la Turquie et le Royaume-Uni.

- Forme de "chantage" -

La réforme envisagée s’inscrit dans un volet de mesures plus large autour de l'aviation.

Elle inclut certaines avancées pour les passagers, notamment sur la facturation des bagages à main des compagnies aériennes.

Elle a néanmoins provoqué la colère de certains députés européens qui accusent la Pologne de vouloir passer en force sur ce dossier. Quitte à recourir à une procédure d'urgence rarement utilisée, réduisant drastiquement le rôle du Parlement européen.

L'élu bulgare Andrey Novakov, rapporteur du Parlement sur la question, compare la situation à une forme de "chantage".

"Ceux parmi nous qui ne sont pas experts en aviation avons besoin d'un peu de temps pour digérer" la réforme et proposer des modifications qui "puissent servir à la fois les passagers et les compagnies", affirme-t-il.

"Ce n’est pas le genre de chose que l'on peut faire quand on est sous pression", regrette cet élu de droite.

Y.Aggarwal--MT