

Water-Polo: le Cercle des Nageurs de Marseille, à jamais les premiers?
Il y aura bien un petit air de Ligue des Champions ce week-end à Marseille, mais l'OM et le football n'y sont pour rien: à partir de vendredi, à Malte, c'est le Cercle des Nageurs, institution locale et place forte du water-polo français qui visera le titre européen.
"Vous avez vu? Nous aussi, on a gagné une Coupe d'Europe. À jamais les premiers! Mais c'était la petite Coupe d'Europe...", rigole Paul Leccia, président du club depuis 35 ans, en référence au -déjà- copieux palmarès du Cercle: 42 titres de champion, 14 Coupes de France et une "Euro Cup", le deuxième trophée européen, gagnée en 2019.
Ce week-end à Malte, c'est bien la grande Coupe d'Europe -la Ligue des Champions- que les Marseillais tenteront de décrocher face aux Hongrois de Ferencvaros, aux Espagnols de Barceloneta et aux Serbes de Novi Belgrade.
"C'est une première dans l'histoire du Cercle et la deuxième fois seulement (après Nice en 1993, ndlr) qu'un club français est au Final Four. Donc, c'est un truc exceptionnel", explique à l'AFP Thomas Vernoux, l'un des principaux atouts du CNM.
"Et surtout, on n'y va pas en touristes. On a battu des grosses équipes, on sait qu'on peut battre tout le monde et on va là-bas pour les défoncer", ajoute celui qui est considéré comme l'un des meilleurs joueurs du monde.
- Cadre de rêve -
Ce mercredi de mai, sous l'oeil sombre de leur coach monténégrin Milos Scepanovic, Vernoux et ses équipiers s'agitent, s'accrochent et font de l'écume dans le bassin olympique du Cercle.
A côté d'eux, trois lignes d'eau restent calmes, à peine remuées par les longueurs de brasse des scolaires et le crawl tranquille des adhérents du club.
Accrochés à la corniche qui surplombe la mer, le CNM et ses trois piscines -dont une découverte- rassemblent en effet, au coeur de Marseille et dans un cadre de rêve, gamins des écoles, bourgeoisie locale et athlètes de très haut niveau.
Le club compte plus de 3.000 membres et ses bassins ont vu plonger Laure et Florent Manaudou, Camille Lacourt ou Alain Bernard. Mais le water-polo a toujours été l'un des piliers de l'établissement.
"Nous sommes un club omnisports, mais avec deux sports seulement, la natation et le water-polo, sourit Paul Leccia. Le Cercle a été créé en 1921, c'est une longue histoire. Et le water-polo a toujours été un atout majeur dans notre jeu. C'est emblématique."
L'affaire est aussi de famille, comme chez les Vernoux, puisque Yann, l'oncle de Thomas, était capitaine de l'équipe et que son cousin Romain joue aujourd'hui avec lui.
"J'ai commencé ici à six ou sept ans et je me régalais avec mes potes. Pendant les vacances, c'était toute la journée ici et c'était vraiment que du kif", se souvient le colosse.
- Peu d'écart -
Aujourd'hui, les ambitions sportives se sont greffées au pur plaisir et, après avoir déjà touché du doigt le très haut niveau avec l'équipe de France (4e des Mondiaux 2024), c'est donc un sacre européen en club que Vernoux vise avec le CNM.
Un titre ou même une finale serait un exploit dans une discipline historiquement dominée par des clubs italiens, hongrois, serbes ou croates, mais Paul Leccia assure que son club "n'est plus là pour apprendre" et ira à Malte "pour gagner".
Champion d'Europe en 2012 avec le Monténégro et ancien gardien de but du club, le coach Milos Scepanovic est bien placé pour juger des progrès du CNM et de sa valeur au plus haut niveau.
"Dans le monde du water-polo, le Cercle c'est quelque chose d'énorme. Cent ans d'histoire, 40 titres de champion... Mais jusqu'ici, il n'était pas considéré comme favori contre les plus grandes équipes", explique-t-il à l'AFP.
"Mais on a fait les progrès nécessaires et, dans le Top 4, il y a peu d'écart. Aujourd'hui, je ne vois pas de grande différence au plan collectif. On peut aller au combat contre ceux qui sont considérés favoris", a-t-il ajouté. La preuve ce week-end à Malte?
S.Pillai--MT